OBSERVER LE CIEL NOCTURNE

       Le ciel nocturne était étudié par un groupe de clercs connu sous le nom de « prêtres d’Heures ». A partir d’observations situés sur les terrasses des temples, ils enregistraient les moindres événements célestes, depuis l’ordre d’apparition des étoiles fixes jusqu’au mouvement des constellations, en passant par le lever et le coucher du soleil et l’orbite des principaux corps célestes. Ces prêtres ne recherchaient pas la connaissance astronomique: en notant le cours des planètes, ils cherchaient en réalité à déterminer l’harmonie cosmique et son influence sur la vie terrestre.

      Le ciel lui-même était vénéré comme la grande déesse Nout qui prenait la forme d’une femme arc-bouée pour former la voûte céleste. Chaque nuit, elle « avalait » le soleil et, chaque matin, elle lui redonnait naissance (cette croyance semblait faire bon ménage avec le mythe de Rê franchissant chaque nuit le Duat sur sa barque solaire). Elle illustrait physiquement le ciel nocturne car son corps était constellé des étoiles et des planètes que chacun pouvait observer la nuit. Nout n’avait ni temple ni culte spécifique contrairement à certains corps célestes représentés sur son corps et identifiés à des divinités.

       La lune, l’objet le plus visible dans le ciel, était couramment associée au dieu Thot. Décrit tour à tour comme « Seigneur des cieux », « Beauté de la nuit » et « Être silencieux », Thot était le dieu de l’Apprentissage et de la Sagesse; son lien avec la nuit vient de la lecture de ses phases, premier moyen de mesure du temps. Il était également un médiateur et un conciliateur, et à ce titre son rôle fut primordial dans l’issue du combat entre Horus et Seth. En tant que dieu de l’Apprentissage, il était associé à chaque aspect de la connaissance. Les scribes, en particulier, se considéraient comme « fidèles de Thot ». Cette caste de bureaucrates se glorifiait de servir l’Etat et dans un hymne, on dit que le baboin – emblème terrestre de Thot, comme l’ibis- surveille en permanence toute velléité d’indépendance des scribes, les empêchant ainsi de travailler pour leur compte durant les heures ouvrables.

       Thot, en tant que dieu qui présidait à tout accomplissement scientifique et littéraire, était un « bibliothécaire lunaire », la divinité chargée des « livres sacrés dans la maison de vie ». Ces ouvrages contenaient tout le corpus de la science égyptienne. Parmi ceux-ci se trouvait le Livre de Thot, un ensemble de 42 rouleaux de papyrus qui, disait-on, avaient été dictés par le dieu lui-même et qui couvraient divers sujets scientifiques – astronomie, philosophie et médecine. Quatre d’entre eux contenaient tout le avoir accumulé en astrologie et en astronomie; il devaient être connus de chaque « prêtre d’Heures ». Les autres papyrus renfermaient des hymnes à Thot et des traités de philosophie et de médecine, entremêlés de détails sur les pratiques religieuses et cérémonielles. Bien que mentionné dans de nombreux autres documents d’époque, aucun exemplaire de ce livre n’a malheureusement jamais été découvert.

       Thot était vénéré à Hermiopolis où l’on disait qu’il était l’une des forces cachées de la création. A Thèbes, on vénérait le dieu lunaire Khonsou, fils d’Amon. Khonsou était, comme Thot, associé à la médecine, et les foules se pressaient dans son sanctuaire pour y être guéries physiquement ou psychiquement. Sa statue était promenée de place en place pour guérir les malades et les possédés. Selon une légende, elle fut même transportée en terre étrangère pour y guérir la belle-soeur du pharaon Ramsès II.

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