LES NOMBREUX VISAGES DE RÊ

      Durant sa traversée du ciel diurne, Rê n’était pas simplement représenté comme un dieu, mais il prenait en outre beaucoup d’autres visages. Le soleil levant était appelé Rê-Horakhti (« Rê, Horus de l’Horizon »), une synthèse de Rê et d’Horemakhet – lui-même une forme d’Horus (« Horus à l’Horizon »).

       Dans un mythe d’Héliopolis, à l’aube, Rê était considéré comme un enfant d’or sorti d’une fleur de lotus flottant sur les eaux de Noun ( le lotus, ou lis d’eau, était l’emblème de la Haute-Egypte). Mais le plus souvent, il était dépeint comme le dieu-soleil Khepri, « Celui qui est en devenir », qui avait la forme d’une scarabée. Ces deux dernières images sont particulièrement pertinentes puisque les pétales du lotus se referment chaque soir et ne se rouvrent qu’avec l’apparition du soleil, et que le scarabée sort de son trou dès le point du jour. Le déplacement du soleil d’est en ouest était également associé au scarabée roulant sa boulette de bouse sur le sol.

      Rê montait dans le ciel sous  les traits de Khepri, jusqu’à midi, puis redevenait Rê; dès cet instant, il était souvent représenté sous les traits d’un faucon, un oiseau réputé pour s’élever à de grandes hauteurs et pour ses dons fameux de prédateur.

      Le zénith atteint, Rê devenait Atoum-Rê, le soleil du soir, sous les traits d’un vieillard. Ce regroupement divin signifiait que Rê s’appretait à entrer dans le royaume des ténèbres d’où il renaîtrait l’aube suivant, en tant qu’Atoum. Dans certains récits, Rê est représenté comme un roi vieillissant dont la peau est d’or, les os d’argent et les cheveux de lapis-lazuli. Finalement dans le Duat, Rê prenait la forme d’un homme à tête de bélier connu comme « Chair de Rê » qui était la manifestation corporelle de Rê dans le Monde inférieur.

      Associé à Amon, Rê demeura prédominant en Egypte même après l’invasion du pays par les peuples étrangers. Une fois seulement, durant le règne d’Akhenaton (dix-sept années), l’influence d’Amon-Rê vacilla. Ce pharaon tenta en effet de promouvoir un dieu unique, Aton, à l’exclusion de tous les autres pensionnaires du panthéon égyptien.