LA RENCONTRE ENTRE RÊ ET OSIRIS

      Osiris était le dieu du Monde inférieur et la  personnification de la royauté ressuscitée. Sa rencontre avec Rê eut lieu dans le Duat, dans les profondeurs de la nuit. Là, les deux divinités s’enlacèrent, formant les « Esprits jumeaux » – « Rê en Osiris et Osiris en Rê » – pour raviver mutuellement leur énergie vitale et ressortir mutuellement renforcées de cette union mystique.

      Cela constituait un moment important de l’épisode nocturne qui conduisait à la renaissance de Rê. Toutefois, l’événement le plus saisissant durant le passage de Rê dans le monde inférieur est son combat avec Apophis, le serpent géant, représentant les forces du chaos. Bien qu’Apophis ne pût être détruit, Rê gagnait chaque nuit son combat contre lui grâce à des charmes, à des pratiques magiques et – dans certains récits – à la ruse du dieu Seth.

      Chacun des ces deux événements  revêtait une signification toute particulière aux yeux des Égyptiens. La rencontre avec Osiris était l’affirmation de l’aptitude du roi défunt à s relever. Dans le même temps, il se peut qu’elle ait servi à des fins purement politiques: à une certaine époque, les cultes de Rê et d’Osiris furent concurrents et leur unité nocturne peut avoir permis de concilier les deux factions antagonistes. Le conflit entre le dieu-soleil et le serpent mettait en scène , en quelque sorte, une angoisse tenace, commune à tous les anciens peuples: le soleil se lèverait-il le lendemain? Il semblerait que lors des éclipses solaires, les foules terrosiées pensaient que Rê s’était fait dévoré par Apophis, la nuit précédente. Dans le temple de Karnak, à Thèbes, et dans d’autres temples, les prêtres effectuaient des rites pour aider Rê dans sa lutte. Prières, incantations et formules magiques étaient récitées en utilisant, à cette occasion, les noms secrets du serpent Apophis. La connaissance de ces noms était censée conférer tout pouvoir sur Apophis: on les écrivait à l’encre neuve sur des papyrus frais, aussitôt brûlés. Des textes nous sont parvenus qui décrivent des effigies de serpent façonnées dans la cire. Elles étaient détruites rituellement, on leur crache dessus, on les mutilait et on les incendiait pour conjurer le désastre.

      Les premières lueurs de l’aube constituaient la réponse encourageante aux prières et aux incantations – même si, à ce moment, Rê n’a pas encore montré qu’il est pleinement revenu  sur terre. Il se trouvait encore dans une région, dénommée Akhet(« Horizon »), connue également comme « le dieu d’éclosion à la vie », où son pouvoir devenait évident sans toutefois être encore perçu par l’oeil humain. En voyant rougeoyer les premières lueurs de l’aube, les Égyptiens se réjouissaient et retrouvaient confiance en l’intégrité du cycle quotidien.

Laisser un commentaire