LA DIVINE PROTECTRICE

        Parmi les divinités féminines de l’Egypte, on trouvait des déesses de la Fertilité, de la Maternité et de la Guérison mais leurs fonctions dépassaient largement ce rôle de nourrices et de protectrices. Sekhmet et Neith étaient vénérées en tant que puissantes forces belliqueuses; on célébrait Isis comme déesse de l’Amour, de la Musique et de la Danse. L’aura de certaines de ces déesses était si grande que leur nom résonnait bien au-delà des confins de l’Egypte.

       La personnalité divine la plus marquante fut Isis, dont le culte fut adopté sans difficulté par les Grecs et les Romains: son influence dans l’Empire romain atteignit la Grande-Bretagne où, aujourd’hui encore, de nombreux ponts sur la Tamise portent son effigie. Isis « incarnait » de nombreux aspects de la culture égyptienne. Elle était censée avoir aidé à civiliser l’Egypte, enseignant à ses habitants les travaux agricoles, l’art médical, et instituant la coutume du mariage.

       Isis a très vraisemblablement pour origine une divinité de Fertilité, et les découvertes des archéologues ont montré que les premiers Égyptiens vénéraient une déesse dont l’abdomen rebondi trahissait manifestement l’état de fécondité latente. Durant les périodes grecque et romaine, Isis fut la plus honorée de toutes les divinités féminines. Associée à Osiris, elle était à la fois sa soeur et son épouse. En tant que soeur, et sous les traits d’un oiseau battant des ailes, elle aida à le ranimer en insufflant la vie à son pauvre corps désarticulé par la traîtrise de Seth. Le dieu ressuscité profita de l’aubaine pour la féconder, et la soeur-épouse donna bientôt naissance à un fils, Horus. La scène symbolisée  (un oiseau enveloppant le défunt dans ses ailes déployées) de cette résurrection d’Osiris par Isis apparaît souvent sur les sarcophages des pharaons.

       En tant que mère d’Horus, Isis était considérée non seulement comme un lien entre le souverain et les dieux, mais encore possédant une fonction maternelle élargie à la population tout entière. Elle devint la protectrice des enfants et son nom était souvent invoqué dans les formules magiques contre les maladies infantiles. Par exemple, pour soigner une brûlure, on appliquait un emplâtre de lait de femme, de gomme et de poils de chat sur la partie douloureuse, tandis que, par une incantation, on disait à Isis que son fils était dans le désert sans eau pour étancher sa soif. Isis répondait que la douleur serait calmée par un onguent composé de salive et d’urine - »la crue d’entre mes cuisses », selon la description imagée de l’époque.

        Ayant accouché d’Horus sur l’île de Chemmis, dans le delta du Nil, Isis surveilla consciencieusement son fils pour qu’il puisse grandir et, venger son père. Et en même temps que les légendes d’Horus et de Seth se répandaient, les attributions d’Isis croissaient en importance: épouse dévouée, mère idéale, thaumaturge, résurrectrice, patronne des Enfants et de la Fécondité et enfin, déesse magicienne  » plus rusée qu’un million de dieux ». Plus remarquable encore fut sans doute son aptitudà duper Seth en proclamant sa culpabilité devant l’Ennéade et sa découverte du nom secret de Rê.

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