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Archive pour septembre 2007

ISIS ET LE NOM SECRET DE RÊ

Dimanche 30 septembre 2007

       Les Egyptiens croyaient fermement en la magie. La déese Isis était considérée comme particulièrement puissante dans ce domaine et l’un de ses fameux tours consista à persuader Rê de divulguer son nom secret, ce qui lui donnerait tout pouvoir sur lui.

        »Isis était une femme intelligente, lit-on quelque part, plus intelligente que bon nombre de dieux… Elle n’ignorait rien de ce qui se trouvait sur terre ou dans les cieux. » Isis voulait s’installer, ainsi que son fils Horus, à la tête du panthéon, et le seul moyen qu’elle avait trouvé était de découvrir le nom secret de Rê.

       Un jour, Isis s’approcha de Rê, en train de ronfler bruyamment pendant son sommeil. Du coin de sa lippe entrouverte coulait un long filet de salive. Isis se précipita et l’attrapa avant qu’il ne tombe sur le sol, mélangea la salive à de l’argile et en façonna un serpent venimeux. Puis elle insuffla la vie à ce serpent.

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      Isis savait que Rê quittait régulièrement son palais pour aller se promener. Chaque fois, il franchissait le même carrefour. Isis y plaça son serpent et attendit la suite des événements.

       Rê partit se promener, et comme Isis l’avait prévu, le serpent le mordit. Rê ne s’aperçut de rien mais commença à sentir les effets du venin. Souffrant terriblement, il appela à son secours les neuf divinités de l’Ennéade. Réunis devant Rê, fiévreux, tremblant, transpirant, les dieux étaient impuissant: ils ne trouvaient rien de plus intelligent à faire que de pleurer la perte imminente du soleil.

       C’est alors qu’Isis fit une entrée fracassante. Elle pouvait guérir le malade, assura-t-elle, à condition qu’il lui dise son nom. L’agonie de Rê s’intensifia jusqu’à ce que, finalement, il accepte de livrer son nom secret à Isis, à condition qu’elle ne le communique à personne d’autre que son fils Horus. Isis donna son accord et, prononçat le nom secret, elle ôta le poison. Le dieu-soleil était guéri. En contrepartie, Isis et son fils avaient pris le pouvoir du panthéon égyptien. 

L’EXTERMINATION DE L’HUMANITE

Mardi 25 septembre 2007

      Avant que l’Egypte ne soit dirigée par des monarques humains, son roi était Rê. Il envoya son oeil, déifié sous les traits de la déesse Hathor, pour se venger de ses sujets. La plus ancienne version du mythe fut découverte dans la tombe de Toutankhamon mais il a probablement pris naissance  plus tôt, lors d’une année de sécheresse qui fit de nombreuses victimes.

      Rê était un ancien monarque. En vieillissant, ses os prirent une couleur d’argent, son corps une couleur d’or et ses cheveux bleus comme les lapis-lazuli. Mais il n’en était pas sourd pour autant. Il pouvait entendre les hommes se moquer de lui et comploter pour le renverser. Convoquant les dieux pour une conférence secrète, il leur demanda conseil. C’est l’aînée, Noun, qu’il écouta avec le plus d’attention.

      Elle lui conseilla de punir les blasphémateurs en leur envoyant un feu dévorant. Mais quand Rê s’apprêta à les incendier, les hommes coururent se mettre à l’abri et échappèrent à sa colère. A l’issue d’une nouvelle conférence, les dieux furent unanimes: Rê devait leur envoyer son oeil, Hathor.

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        « Aucun oeil n’est meilleur que le tien pour accomplir cette tâche, lui déclara Noun, envoie-leur donc Hathor ». Hathor fit ce qu’on lui demandait. Sous les traits d’une déesse-lionne, elle perpétra un terrible massacre. Lorsque Rê la rappela auprès de lui, elle avait pris goût du sang et avait la ferme intention de redescendre sur terre pour terminer son travail.

      Rê en fut effrayé. Il avait seulement voulu donner une leçon à son peuple. Pendant qu’Hathor se reposait, Rê envoya des messagers à Assouan pour rapporter de l’ocre rouge.Il ordonna au grand prêtre d’Héliopolis de le peser. Pendant ce temps, le dieu fit préparer une bière d’orge par quelques jeunes servantes. Les deux éléments -bières et ocre- furent ensuite mélangés et donnèrent sept mille jarres d’une boisson enivrante qui ressemblait à du sang. Quand tout fut prêt, Rê fit vider les jarres sur les populations qu’Hathor avait l’intention d’exterminer, le jour suivant. La ruse eut raison d’Hathor. survolant les territoires en question, elle vit ce qu’elle prit pour du sang et descendit pour en boire, mais elle s’en gava tellement qu’elle tomba dans une profonde torpeur. Un peu plus tard, reprenant ses esprits, elle avait oublié la raison de sa venue sur terre, et, devenue une déesse bénéfique, elle retourna auprès de Rê. Magnanime, et afin de commémorer cette terrible beuverie, Rê accorda au peuple égyptien le droit de s’enivrer autant qu’il le désirait le jour de la fête d’Hathor, « gente dame d’ivrognerie ».

LES SERPENTS

Dimanche 23 septembre 2007

      Les serpents apparaissaient comme des symboles élémentaires du chaos et des forces du mal – reflétant le danger bien réel qu’ils représentaient dans la vie de tous les jours.

      La peur des serpents était tout particulièrement justifiée dans le Delta, où ils proliféraient. Pour se protéger de leurs morsures souvent mortelles, les Egyptiens portaient des amulettes.

      Les quatre divinités féminines de l’Ogdoade, avant qu’elles ne créent le monde, étaient des serpents. L’apocalypse, pour les Egyptiens, pouvait venir du grand serpent Apophis qui, chaque nuit, se tenait à l’affût pour agresser le soleil. Le sort du soleil lui-même, à la fin des temps, était de devenir un serpent.

       Mais le serpent pouvait également être un élément positif. Ouadjet, la déesse tutélaire de la Basse-Egypte, était la plus vénérée des divinités serpentiformes. La déesse-cobra Renenoutet, dont le nom signifie « serpent nourricier », était la divinité de la bonne fortune, que les Egyptiens invoquaient pour s’assurer de bonnes récoltes, un accouchement sans problèmes ou un avenir radieux.

 

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LES TERTRES SACRES

Vendredi 21 septembre 2007

     Le tertre originel était un élément essentiel des mythes de création. Lieu du premier lever de soleil ou lieu de naissance du premier dieu, le tertres remplissait une fonction vitale. Son emplacement réel n’était jamais assuré, mais chaque grand site religieux se faisait un devoir d’en édifier une réplique.

     Dans sa forme primitive, le tertre était un gros tas de sable. A Héliopolis, cependant, il s’agissait du benben, un rocher que l’on disait être le sperme fossilisé d’Atoum. C’est sur le benben qu’étaient tombés, au début du monde, les premiers rayons du soleil.

 

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       L’adoration des Egyptiens pour le tertres trouva sa plus complète expression dans l’édification des pyramides, par ailleurs mausolées des pharaons. La pyramide était la représentation de ce tertre originel d’où le pharaon défunt pouvait s’envoler, comme le dieu-soleil, vers l’au-delà. L’apex de chaque pyramide était souvent recouvert d’or; il représentait le benbenorginiel.

Les simples collines pouvaient aussi abriter la puissance divine. Du « pic de l’Ouest », surplombant la vallée des Rois, la déesse Meretseger veillait sur les morts de Thèbes.

     Les collines jouaient également un rôle dans le voyage du soleil.  Lorsque le soleil embarquait pour sa traversée quotidienne, il s’élevait au-dessus d’une montagne de l’est nommée Bakhu; pour entrer dans le Duat, il se couchait derrière une montagne de l’ouest nommée Manu

L’OEIL VAGABOND

Jeudi 20 septembre 2007

     Sur sa couronne, le pharaon portait l’uraeus protecteur, cobra symbolisant Ouadjet, la déesse de Basse-Egypte, censée protéger le roi en crachant du feu sur ses ennemis. Le mythe de création d’Héliopolis nous apprend pourquoi l’Uraeus était si puissant.

     Atoum créa ses enfants Chou et Tefnout pour adoucir ses années de solitude en tant que première créature dans les eaux du chaos. Mais ils furent de pitoyables compagnons de solitude – ils s’éloignèrent et disparurent. Atoum était seul de nouveau, mais il était décidé à  retrouver ses tout nouveaux rejetons, aussi se retira-t-il un oeil; il le remplis de sa propre puissance et lui conféra un statut de déesse. Il l’appela alors sa fille sous le double nom d’Hathor et de Sekhmet.

     Puis Atoum ordonna à Hathor-Sekhmet de parcourir le monde à la recherche de ses enfants. Finalement, la fille d’Atoum découvrit Chou et Tefnout et les ramena à leur père. Atoum, pleurant de joie, les enlaça. Ses larmes tombèrent sur le sol et devinrent les premiers êtres humains. En remerciement, Atoum plaça l’oeil en forme de cobra sur son front. Dans cette position, lui promit-il, l’oeil serait craint à tout jamais par les dieux et les hommes.

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AUX SOURCES DE LA MYTHOLOGIE EGYPTIENNE

Jeudi 20 septembre 2007

     Les croyances et les mythes des Egyptiens sont décrits dans des documents tels ceux de l’historien grec Hérodote qui visita l’Egypte en 450 av. J.-C. Toutefois, notre connaissance de cette mythologie nous vient surtout de l’observation des représentations funéraires et religieuses découvertes à travers toute l’Egypte.

     Les anciens mythes égyptiens de création, tels que nous les croisons au hasard des images et des textes, sont dans la plupart des cas implicites et non exprimés ouvertement. Leurs descriptions servaient surtout à l’enseignement du défunt lui-même qui était ainsi averti de ce qui l’attendait après la mort. Les formules magiques, les incantations et les cantiques permettent d’avoir un aperçu des croyances qui précédèrent la mythologie égyptienne.

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       Certains des récits de création les plus stupéfiants ont franchi les millénaires, lovés dans les plis de bois des sarcophages. L’information concernant la masturbation divine d’Atoum était contenue dans les Textes des cercueils trouvés à Bersha, près d’Hermopolis. Ces textes furent payés par des notables successifs, assez riches pour s’offrir de belles funérailles.

     Ces tout premies textes funéraires datent du début du IIIe millénaire avant notre ère. Ils furent gravés sur les murs de neuf pyramides de l’Ancien Empire et furent destinés au seul usage royal.

     Toutefois, au Nouvel Empire, ces textes évoluèrent, via les Textes des cercueils, et devinrent le Livre des morts dont chaque défunt possédait un exemplaire. Près populaires, ils étaient rédigés sur papyrus et pouvaient contenirjusqu’à deux cents chapitres différents, selon les moyens de leur propriétaire. Le papyrus était roulé et glissé dans un étui spécial placé le long du corps, dans le sarcophage. Dans un rouleau datant du IVe siècle av. J.-C., nous apprenons qu’Atoum, le « Grand Tout », s’identifia au dieu-soleil Rê dès le tout premier lever du soleil.

     Chaque Egyptien gardait en son coeur la crainte de ne pouvoir prononcer les mots qui, au moment crucial, ouvriraient les portes de l’éternité. Un chapitre du Livre des morts propose différentes formules à utiliser à l’instant du jugement, lorsque le coeur du défunt devait contre-balancer une plume, devant le trône d’Osiris: « Oh! Lointain Arpenteur venu d’Héliopolis, je n’ai commis aucune faute; Oh! Fiancé du Feu venu de Kheraha, je n’ai commis aucun larcin. »

     Les bibliothèques des temples servaient de dépôt à différents types de documents qui, jusqu’à la période ptolémaïque, concernaient surtout la littérature funéraire.

LA NAISSANCE DE L’ANNEE

Jeudi 20 septembre 2007

      A l’origine, l’année n’avait que 360 jours. Cela changea lorsque Atuom découvrit les amours entre ses deux petits-enfants, Nout (le Ciel) et Geb (la Terre), union qui privait la terre de son atmosphère.

     Selon une version grecque de cette légende, Nout et Geb étaient si intimement mêlés que rein ne pouvait s’insérer entre eux. Cela jeta Atoum dans une violente colère et il ordonna à leur père, Chou, dieu de l’Air, de les séparer. Chou obtempéra en s’asseyant sur Geb et en élevant Nout au-dessus de sa tête de sorte qu’ils ne puissent se troucher. Mait Nout était déjà enceinte. Atoum lui lança une malédiction: elle aurait le droit d’enfanter, lui annonça-t-il, mais il lui interdit d’accoucher l’un des 360 jours que comptait l’année, à cette époque. Parmi les autres dieux créés par Atoum se trouvait Thot, dieu de la Sagesse. Thot aimait Nout et, pour l’aider, il défia les autres dieux dans une partie de dames dont l’enjeu serait le temps. Il réussit à gagner cinq jours. En les ajoutant à l’année de 360 jours, il donna à Nout le temps d’accoucher de ses cinq enfants: Osiris, Horus, Seth, Isis et Nephthys. Par sagesse et par ruse, Thot offrait à l’Egypte une année calendaire complète.

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